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Le dos droit, Adriel était assis à sa place devant cette grande table. Il n'avait que cinq ans, mais il était tellement calme. Calme. Une tenue des plus corrects, aucune saleté, c'était limite s'il n'était pas une poupée que l'on venait tout simplement de sortir de l’emballage. L'enfant balançait doucement ses jambes sous la table. Père n'allait pas le remarquer ? Non bien sûr que non. Tout allait bien se passer. Il n'allait pas se faire disputer pour bouger ses jambes sous la table ! Il avait peur, il s'était arrêté, ne jetant pas un regard aux domestiques qui déposaient les plats sur la table. À sa droite, il y avait son grand frère Phineas (10 ans de plus que lui). Son autre grand frère Julian (15 ans de plus que lui) n'était pas là. En face d'eux, il y avait sa mère Dominique et sa grande sœur Coraline (5 ans de plus que lui). Et au bout de la table, à son opposé, il y avait son père, Philippe.

Adriel était né dans cette famille noble de Joya. Pas n'importe quelle famille de bas étage. Oh que non, la famille avait une place spéciale. Très spéciale. La famille était lier par le sang avec la reine Margaret I. En effet, les choses avaient été faites ainsi. Le frère aîné de Philippe était l'heureux roi consort, celui qui avait épousé la reine. Les Valentyne étaient donc reconnue comme étant des princes et des princesses.

On avait appris à Adriel à se tenir en société, d'avoir la prestance de son rang. Adriel savait donc, que de part son rang, il ne devait pas communiquer avec les domestiques qui lui étaient inférieur. Pourtant, le petit garçon avait grandement de mal, pour ne pas remercier celle qui lui servait son assiette. Ou encore pour ne pas ranger sa chambre ou pour ne pas faire lui-même son lit.

On devait toujours attendre que son père ne commence à manger, puis s'était autour de sa mère, de son frère et de sa sœur. Seulement, après, il avait le droit de commencer à manger. C'était un ordre à ne pas défaire. Au début, l'enfant avait eu du mal, encore. Mais à force de se prendre des tapes à l'arrière de la tête ainsi que des coups de cannes, il avait appris à respecter l'ordre de passage. Le silence régnait dans la pièce. L'enfant aurait voulu expliquer sa journée à père, lui dire qu'il avait sagement assister à ses leçons et qu'il savait maintenant différencier toutes les pierres précieuses qui existaient au monde. Mais comme toujours, il se taisait. Adriel n'avait pas le droit de parler, sauf si on lui posait une question. Coraline non plus n'avait pas le droit de parler. Il n'y avait que les grands qui avaient le droit de parler. Après tout, ce que disait les enfants, ce n'était pas intéressant.

Le sujet lui donnait envie de participer. Sa mère parlait du bal royale qui allait être donné pour une raison qui échappait à l'enfant. Ah ce qu'il aimait les bals ! Enfin, plutôt danser ! Mais les seuls bals où il avait pu participer était dans sa chambre avec comme partenaire un être imaginaire. Le petit garçon était gracieux et voulait avoir des cours de danse, mais il n'osait pas le demander à son père. Après tout la danse était pour les filles, non ? Gigotant sur place. Il n'avait pas pu s'empêcher de parler. Dire tout haut ce qu'il voulait.

«- Je veux porter une robe avec des rubans roses.»

Il avait mis sa main droite devant sa bouche, fermant les yeux d’appréhension. Il s'était attendu à recevoir une claque, après tout, le raclement de la chaise disait clairement que son père s'était levé. Mais la claque s'était fait attendre et elle ne venait pas. À la place, son père l'avait pris par le bras, le traînant violemment derrière lui. Adriel pleurait silencieusement, tandis que le reste de la famille continuait le repas comme si rien ne se passait. Ce soir-là, son père ne l'avait pas puni pour avoir parlé sans permission. Ce soir-là, son père l'avait puni pour avoir voulu porter une robe.

Depuis cette nuit-là, où gisant dans son propre sang, Adriel avait juré à la lune qui lui tenait compagnie dans cette prison d'or. Il s'était approcher de la fenêtre, il avait posé sa main sur la vitre. Il avait juré plusieurs choses qu'un enfant de cinq ans ne devrait pas penser. Il avait juré qu'il allait faire regretter son père de le punir de la sorte. Ce n'était pas bien, il le savait. Il avait juré qu'il n'allait pas s'abattre sur son sort. Il allait se battre, se relever à chaque fois que le sol serait touché. Il avait juré d'être si parfait que son père n'allait pas avoir d'occasion de le punir. Il allait veiller à être un bon petit prince obéissant. Il avait juré que personne n'allait lui dicter sa vie. Lui seul était maître de son destin. Il avait juré que personne n'allait l'empêcher d'être lui-même. Personne n'était en droit de lui dire qui il était, seul lui, le savait et le pouvait !
L'enfant se considérait comme étant un garçon, n'ayant pas de trouble avec son genre. Il avait juste des envies qui sortait de la case garçon. Des envies, comme porter de temps en temps des robes. Ou encore, de se marier avec un prince charmant...


«Non, vous devez mettre votre main plus en hauteur.»

L'enfant, âgé de sept ans, avait relevé sa main, très concentré dans sa tâche. Le croque-mort avait souri en le voyant aussi prompt au travail. Adriel avait rabaissé les mains, un petit cercle magique noir s'était formée sur le sol. Une grimace sur ses traits, s'était tellement compliqué de rester concentrer pour le laisser ouvert. Il invoquait un squelette poule. L'enfant, épuisé, s'était échoué sur ses genoux. Il avait relevé la tête, un sourire sur ses lèvres, tandis qu'il voyait sa première invocation venir vers lui en sautillant. Le croque-mort l'avait félicité, c'était un bon début. Cela faisait de long mois que les deux se voyaient pour des cours particuliers dans cette cabane du cimetière d'Améthyste, la capitale. La cabane du croque-mort Hubert. Ses parents ne savaient pas qu'il venait ici pour ce genre de cours. Non, ils pensaient qu'il venait déposer des fleurs sur la tombe de sa défunte tante du côté de sa mère. Chaque jour, c'était le même manège.

Le cours était terminé, l'enfant était sorti de la cabane. Les deux gardes qui campaient dehors, avaient tôt fait de se mettre au garde-à-vous devant le petit prince. C'était ses gardes privés, aucun ne posaient la moindre question et ils avaient pour ordre de juste dire qu'il déposait des fleurs sur la tombe de sa tante et qu'il y restait des heures. Aucun des gardes ne savaient ce que le croque-mort enseignait à l'enfant, mais le gamin semblait heureux de leur "discussion", alors cela devait être une bonne chose.

Le dos droit, il avançait sagement, jusqu'à sa voiture. L'enfant n'avait fait aucun signe pour ouvrir la portière, ce n'était pas à lui de le faire. Le chauffeur lui avait ouvert la porte et le petit prince était rentré dans la voiture suivit d'un des gardes (qui était assez proche d'Adriel), le second ayant pris place devant. Malgré le fait qu'il était fatigué, il tenait bon. Il avait quémandé à rentrer au manoir.

Pourquoi vouloir jouer avec la nécromancie ? Parce qu'il n'avait trouvé que ce mage-là de lui-même. Et il aimait bien le principe d'invoquer des serviteurs squelettes. Il savait qu'il devait avoir un permis pour utiliser la magie et il se doutait que son maître avait un permis lui aussi. Il comptait en faire la demande dans quelques années quand il arriverait à plus de résultat. Mais il n'avait pas peur de ne pas avoir un permis, au vu de sa place privilégiée, c'était vraiment très rare d'avoir un non. Et il allait profiter de son statut.


1, 2, 3, 4. L'enfant n'avait jamais cru qu'un jour il allait pouvoir apprendre la danse classique. Et pourtant, c'était ce qui se passait. Un professeur particulier, rien que pour lui, de la part de la reine, sa tante. Il en avait de la chance ! Adriel, âgé de neuf ans, était tout content. Et dire qu'il en avait parlé qu'une fois avec sa tante, juste dans une phrase. Une simple phrase lâché à bout de bras. Et le voilà qui faisait des portées avec un grand sourire.

Son emploi du temps s'était donc alourdit, mais pour le meilleur. Il jonglait, entre la magie, le violon, l'équitation, les cours généralistes et la danse.

Spoiler:

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